En raison de son histoire et de son encadrement idéologique, le Canada se perçoit (a et a toujours été perçu par les autres, les Allemands en particulier) comme l’un des pays les plus ouverts et les mieux organisés dans le domaine de l’immigration et de l’aide à l’intégration. L’Allemagne, en revanche, s’est considérée plus longtemps (pas trop longtemps, cependant, vu le contexte historique réel), explicitement comme une société de « non-immigration » (“Deutschland ist kein Einwanderungsland”), slogan qui a servi de programme jusqu’à la fin des années 1990. Depuis, les choses ont bien changé, non seulement en Allemagne, mais aussi au Canada. Le Canada et l’Allemagne n’apparaissent non seulement comme opposés, mais également comme comparables dans leurs profils, leurs défis et leurs réactions. L’Allemagne a commencé à mettre en œuvre des expériences novatrices et semble se diriger vers une société de migration (plus ou mopins acceptée par les pouvoirs politiques et sociétaux dominant sa propre société), tandis que le Canada contemporain, même si les programmes spéciaux et la prise en considération des immigrants continuent à fonctionner et à être acceptés, semble se diriger (à l’instar de la Commnunauté européenne) vers la fermeture de ses frontières et l’opinion publique ainsi que les discours politiques mettent l’accent sur les différences entre ceux qui sont bienvenus (les Indiens) et ceux qui ne le sont pas (les Arabes). Dans un contexte mondial de fermeture contre les réfugiés et les immigrants de diverses origines, le Canada est apparemment en train de perdre son ouverture, tandis que l’Allemagne apparaît comme autant divisée que le Canada et que beaucoup de pays d’immigration « classiques » (Royaume Uni, Etats-Unis, Australie) entre la fermeture, et l’ouverture qui, elle, n’a jamais dans l’histoire été réellement aussi généreuse et motivée par la miséricorde et l’humanité que certains discours européens, particulièrement dans les années 1980 ont bien voulu le percevoir. En revanche, le Canada semble être, même aujourd’hui, un modèle ou un paradigme pour régler et pacifier les conflits et les défis liés aux processus d’immigration. Ainsi la « diversité » peut apparaître non seulement comme un signe qui marque les migrants et les sociétés d’immigration, mais aussi les attitudes, les discours politiques et l’action envers les processus de migration, la mobilité sociale et la transformation sociale elle-même.
Ma contribution présentera les grandes lignes de la toile de fond historique et des défis mondiaux posés aux politiques migratoires, pour le Canada comme pour l’Allemagne, et se référera à des influences et des attitudes comparables ou différentes qui existent dans les sociétés canadienne et allemande. Ainsi, elle essaiera de présenter les conditions et les chances par rapport à d’autres besoins et au développememnt du recrutement d’immigrants, sans négliger ni les droits des migrants en tant que personnes humaines ni leurs craintes et leurs attitudes, mais en considérant également les longues traditions des populations « de souche » dans les deux pays.